MOUSTIQUE TIGRE : VIGILANCE CITOYENNE, LA PREMIÈRE DES PROTECTIONS
Le moustique tigre est présent sur 71% du territoire français. Arrivé en France en 2004, sa prolifération à la vitesse de l’éclair lui vaut d'être classé parmi les espèces les plus invasives au monde. Si des plans anti-dissémination se mettent en place partout en France la surveillance du aedes albopictus est désormais l’affaire de tous. Zepros Territorial vous dit tout.
« Cette année, la progression du moustique tigre a été spectaculaire, avec 7 nouveaux départements colonisés et placés en vigilance rouge. Il s’agit de l’Allier, L’ile et Vilaine, La Haute-Loire, la Meurthe et Moselle, le Loir et Cher, le Loiret, et le Val d’Oise. A cette liste, s’ajoutent 2 nouveaux départements en vigilance orange, situés en Bretagne : le Morbihan et le Finistère » alerte « Vigilance-moustiques », le site d’information actualisé sur les moustiques.
Au total, ce sont 71 départements qui sont désormais placés en vigilance rouge là où l’aedes albopictus est implanté et actif et 4 départements placés en vigilance orange où il a été intercepté ponctuellement, selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).
Ultra-résistant, le moustique tigre, originaire des forêts tropicales d’Asie du Sud-Est, a réussi à s’adapter à divers environnements et climats pour coloniser aujourd’hui plus de 80 pays. Cette expansion fulgurante lui vaut d’être classé parmi les dix espèces les plus invasives au monde. Car voyez-vous, le l’aedes albopictus est relativement à l’aise partout. Il se développe surtout en zone urbaine et péri-urbaine, près des habitations en ville comme à la campagne, dans les bourgs, quartiers, lotissements... Son caractère « anthropophile » (qui aime les lieux habités par l’homme) explique, qu’une fois installé dans un département, une commune, un quartier, ou un jardin, l’éradiquer relève du parcours du combattant. Pourtant, il se déplace peu, dans un périmètre de 150 mètres autour de son lieu de naissance, là où il prolifère dans toutes sortes de récipients et réservoirs d’eau : vases, pots, fûts, bidons, rigoles, avaloirs pluviaux, gouttières, terrasses sur plots, vieux pneus….
Savoir le reconnaître...
Le moustique tigre est rayé noir et blanc. Il sévit le jour, les femelles piquant principalement en début et fin de journée, Il est silencieux et il est petit, plus petit que les autres espèces de moustiques, puisqu’il mesure en moyenne 5 millimètres. Un insecte volant de la taille d’une fourmi qui a pourtant le don de transformer vos soirées d’été en véritable cauchemar.
« Si ce moustique n’est pas forcément dangereux, il provoque instantanément des démangeaisons qui peuvent s'intensifier durant encore plusieurs minutes après la piqûre. Une rougeur peut apparaître, avec, en son centre, une cloque » prévient l’Anses. Et d’ajouter : « le moustique tigre peut également transmettre des maladies comme la dengue, le chikungunya ou Zika.»
D’ailleurs, une étude publiée le 11 juillet dernier par Santé publique France, alerte sur les 378 cas importés de dengue, 23 de chikungunya et 6 de Zika en 2022. L’agence décrit une situation "exceptionnelle" en France métropolitaine, et s'inquiète par ailleurs de la viabilité du dispositif de surveillance actuel.
Lutter contre la prolifération des moustiques : l'affaire de tous !
Selon les recommandations de l'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail, pour éviter la prolifération du moustique tigre chez soi, il faut vider les vases, les soucoupes des pots de fleurs, vider régulièrement les petits récipients pouvant contenir de l'eau dans les jardins, veiller à la bonne évacuation des eaux de pluie ou encore entretenir son jardin sans oublier de vider la gamelle du chien.
« Une stratégie qui porte ses fruits si elle est accompagnée d’une solide campagne de communication auprès des populations. Et pour mieux les sensibiliser, il faut faire œuvre de pédagogie et d’accompagnement, au risque de ne pas obtenir les résultats escomptés » prévient Yves Christol, directeur général de SPG, distributeur de la marque Biogents en France qui développe des solutions naturelles anti-moustiques.
Et d’ajouter : n’oublions pas que le moustique tigre prolifère à 80 % dans les jardins privés, mais la lutte préventive et écologique contre les larves et les ennemis ailés est l’affaire de tous et aussi des municipalités.
Aux quatre coins de France, les maires multiplient les initiatives. À Boulazac (24), la mairie a distribué des pièges à moustiques tigres à tous ses habitants. Contenant des phéromones, ils permettent de piéger les femelles et ainsi de limiter la prolifération de l'espèce susceptible de véhiculer des maladies tropicales dans le sud-ouest. Dans le Vaucluse, la ville de Carpentras expérimente, elle, un dispositif écologique qui attire les moustiques avec du CO2 grâce à un leurre biologique. Les moustiques femelles s'approchent pour piquer et un ventilateur les bloque. Elles ne peuvent plus redécoller. Pour tenter d’en finir avec ces nuisibles, la ville de Puteaux (92) a elle aussi déployé plusieurs bornes anti-moustiques sans danger pour l’homme et pour les écosystèmes.
VOUS ÊTES CONCERNÉS !
Toute la population peut participer à la surveillance du moustique tigre.
Vous l’avez repéré dans votre commune ?
Signalez sa présence ce qui aidera les autorités sanitaires à mettre en place des mesures adaptées sur le site :
http://www.signalement-moustique.fr/
A RETENIR
Pour lutter contre la prolifération des moustiques, il est essentiel d’appliquer les mesures de préventions préconisées par l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail :
- Vider les coupelles des plantes et tout ce qui retient de petites quantités d’eau (jouets des enfants, mobiliers et décorations de jardin, pneus usagers…).
- Changer l’eau des vases et photophores au moins toutes les semaines. Idéalement remplacer l’eau par du sable humide.
- Bâcher ou recouvrir d’une moustiquaire les réserves d'eau (fût, bidon, piscine).
- Ramasser les déchets verts, eux aussi peuvent devenir des récipients d’eau et abriter les œufs du moustique.
- Être vigilant et ranger à l’abri de la pluie tout ce qui peut contenir de l’eau (seaux, arrosoirs).
- Débroussailler et tailler les herbes hautes et les haies.
- Ramasser les fruits tombés et les débris végétaux.
- Réduire les sources d’humidité (limiter l’arrosage).
- Protéger votre habitation à l’aide moustiquaires ou de prises anti-moustiques.
- Utiliser des répulsifs adaptés.
3 QUESTIONS A...
Yves Christol, directeur général de SPG, distributeur exclusif des pièges à moustiques écoresponsables de la marque Biogents.
Yves Christol : Sans l’aide de leurs administrés, la réponse est non. D’abord, parce que le moustique tigre est super-résistant et fait preuve d’une très grande capacité d’adaptation aux environnements (où il était importé par l’activité de l’homme) et au changement climatique. Ensuite, parce qu’il a de très faibles besoins pour vivre et se reproduire : très peu d’eau et des petites surfaces. Enfin, parce qu’il se déplace très peu et pond donc sur place. L’objectif est donc de supprimer les gîtes larvaires à l’intérieur et autour de chaque habitat. C’est pour cette raison que la prise de conscience doit être collective.
YC : Au sein de la chaine alimentaire, les moustiques servent de nourriture à de nombreuses espèces. Au stade de larves, ils sont mangés par des invertébrés aquatiques et des batraciens par exemple puis, en tant qu’adultes, ils constituent les mets de prédilection d’oiseaux, de chauve-souris. Mais pour ce qui est du moustique tigre, la modification du climat a favorisé dangereusement sa prolifération. L'augmentation des températures a étendu l'aire de vie du moustique mais surtout a accéléré son cycle de développement. Comme toute espèce invasive, il perturbe l'équilibre de la biodiversité là où il arrive, en prenant la place et la nourriture de populations endémiques et en devenant surabondant. Pour endiguer cette surpopulation, les mairies peuvent conjuguer la lutte jardin par jardin à une stimulation des zones naturelles, en restaurant les interactions entre les espèces en cœur de ville, dans les parcs, les zones humides, autour des marécages ou aux bords des rivières et en favorisant les prédateurs insectivores comme les bergeronnettes, les mésanges ou les chauves-souris... En d’autres termes, il faut stimuler les prédateurs.
YC : Lutter contre ces insectes est l’affaire de chacun et de tous en même temps. Car un jardin bien équipé pour la lutte sera vite réinfesté par ses voisins s’il est seul à agir.
C’est pourquoi, il est nécessaire que chaque commune mène une campagne de sensibilisation auprès de ses habitants pour les informer des risques et les familiariser aux bonnes pratiques, comme les coupelles, les jeux d’enfants extérieur ou l’arrosoir où l’eau stagne depuis l’hiver dernier… Et c’est à l’échelle de chaque quartier, de chaque maison, de chaque jardin qu’il faut œuvrer. Car seule une démarche pédagogique et un accompagnement des administrés pourront porter ses fruits auxquels peut s’ajouter une campagne citoyenne à l’échelle de la ville. Certaines communes vont encore plus loin en utilisant une aide financière, via des bons de réduction pour l’achat de pièges anti-moustiques par exemple. Mais quoiqu’il en soit une action de cohésion globale doit être déployée dans cette lutte.
YC : A l’origine, les biologistes de Biogents cherchaient à déployer une solution scientifique pour capturer les moustiques en Asie afin d’analyser le processus de transmission des maladies véhiculées aux animaux et aux hommes par ces insectes. Ils ont analysé le comportement des moustiques afin de mieux comprendre les mécanismes visuels et olfactifs les attirants. Cette meilleure connaissance de l’insecte a permis de développer des solutions innovantes, en capturant les moustiques tigre cherchant à piquer, mais également les femelles ayant piqué et cherchant à pondre. Ce duo d’actions est clé dans la lutte contre ce nuisible. Après plus de 20 ans de recherche par des équipes spécialisées sur le moustique et scientifiquement prouvées, leurs travaux ont fait l’objet de 400 publications scientifiques, l’étape suivante a été de développer une solution innovante qui consiste, non seulement à capturer les moustiques tigres en vol, mais aussi à empêcher les femelles de pondre, grâce à des pièges très sophistiqués. Il faut préciser que ces dispositifs ne capturent que les moustiques, les insectes bénéfiques et utiles à l’équilibre de la biodiversité sont préservés (abeilles, papillons, …).
Nos dispositifs Biogents sont aujord’hui commercialisés dans les jardineries et les magasins de bricolage. Nos pièges garantissent une réduction du nombre de piqures des moustiques allant jusqu’à 93 %, à condition de bien les positionner dans son jardin. Car le positionnement est crucial. D’où la nécessité de bien prendre conseil auprès des revendeurs spécialisés qui sont formés par nos équipes.
Nos pièges sont aujourd’hui reconnus par l’ANSES pour leur efficacité et ont été un des rares systèmes à recevoir une AMM (autorisation de mise en marché). Les EID (Ententes Interdépartementales de Démoustication) et d’autres opérateurs comme Altopictus utilisent nos pièges dans le cadre de la surveillance et de la lutte contre le moustique tigre dans plusieurs régions de France.