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Repenser différemment l’action publique

Philippe Pottiée-Sperry
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Livre blanc Cercle des acteurs territoriaux

Le Cercle des acteurs territoriaux, think tank composé pour l’essentiel de fonctionnaires, publie un nouveau livre blanc intitulé « Action publique durable et responsable, se poser les bonnes questions ! ». Objectif : être une contribution pour aider à réinventer le service public.

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Commencer par se poser les bonnes questions sur l’action publique avant de tenter d’y répondre. Tel a été le postulat de départ du Cercle des acteurs territoriaux (CAT) pour réaliser son nouveau livre blanc. Ce think tank se compose d’une trentaine de membres issus pour l’essentiel des fonctions publiques territoriale et de l’Etat. Reconnaissant que les organisations ont bien souvent tendance à se poser d’abord les questions qu’elles savent résoudre plutôt que celles qu’elles doivent résoudre, Hugues Perinel, fondateur et animateur du Cercle, explique la méthodologie de ce travail collectif : « nous avons choisi de formuler six axes de questionnements non exhaustifs, qu’il nous faut résoudre, puis de confronter nos expériences, nos différences, nos croyances, mais aussi nos doutes, aussi bien comme acteurs publics que comme simples citoyens ». 
De l’intérêt général au bien commun, de la place du citoyen dans une démocratie qui se cherche, du projet politique à la responsabilité sociale des organisations, du périmètre de l’action publique à l’adaptation des organisations, de leur attractivité et du lien indispensable à préserver dans les équipes, le livre blanc invite à s’interroger différemment sur la sphère publique avec pour finalité d’obtenir « une action publique durable et responsable ». A cela s’ajoutent des témoignages de divers acteurs ou observateurs de la vie publique.
 

« Tout ce qui est gratuit n’a plus de valeur »

Le Cercle des acteurs territoriaux constate que les organisations abordent encore trop souvent leurs missions sous l’angle de la forme et pas du fonds de leur finalité. Alors que le projet politique devrait s’en emparer, « peu d’organisations publiques ont la capacité de se remettre ainsi en question », affirme-t-il. Et de citer les exemples de certaines intercommunalités, syndicats mixtes et de tous ceux qui souffrent d’un manque de lisibilité de leur action comme de clarté de leurs compétences. Tous devraient régulièrement se remettre en question pour savoir s’ils sont toujours en adéquation avec les attentes du moment et quelle est la réelle efficacité de leur action. Le livre blanc se penche notamment sur le financement du service public (question du consentement à l’impôt) ou sur sa gratuité sachant que « tout ce qui est gratuit n’a plus de valeur » et avec le risque de transformer de nombreux usagers en de simples consommateurs. Interrogée, Françoise Gatel, sénatrice (UDI) d’Ille-et-Vilaine, estime ainsi que « ne rien payer, comme ne pas savoir ‘combien ça coûte’, ni ‘à quoi ça sert’ nous dégage de notre responsabilité. La gratuité ne nous aide pas à devenir citoyen ».

Le service public, créateur de richesses

Une idée largement répandue estime que le service public et ceux qu’il emploie seraient une charge face à un secteur privé vu comme le seul véritable créateur de richesses et d’emplois. « Avec son incapacité à communiquer sur lui-même, le service public a participé à la circulation de cette idée en se laissant petit à petit reléguer à un ensemble d’acquis, comme une toile de fond familière », pointe le Cercle. Un paradoxe, selon lui, vu les nombreux articles et tribunes comme celles récentes d’un collectif de 400 citoyens, intitulée « Les services publics sont notre avenir, leur réinvention est primordiale », ou de la philosophe et sociologue de Dominique Méda affirmant que « secteur privé et administrations publiques contribuent tous deux à la création de richesse nationale ».

La méthode d’« organisation délibérée »

Pour conserver le lien à l’intérieur des organisations, le Cercle insiste sur l’importance d’entreprendre mais aussi d’expérimenter pour éviter une individualisation grandissante. A défaut, « un éloignement à la fois psychologique et physique des agents risque de conduire à l’érosion de la cohésion des équipes et du sens même du service public ». En guise de solution, il plaide pour la méthode dite d’« organisation délibérée ». Objectif : un cadre de confiance réciproque pour changer de posture, se remettre en cause dans tous les domaines (formation, recrutement, dialogue social) et embarquer les équipes dans « un choc de culture ». Et de citer Yves Clot qui considère qu’« un travail jugé satisfaisant par la hiérarchie pourra perdre du sens pour un salarié, si lui-même ne l’estime pas à ce niveau. D’où l’importance d’organiser des disputes sur la qualité du travail, des controverses qui peuvent être aussi protectrices pour la santé des agents en rendant visibles les incertitudes, en imposant l’examen des pistes écartées et en inventant collectivement des solutions impensables jusque-là ».
 

Consulter le livre blanc ici

Philippe Pottiée-Sperry
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