Après-municipales et DG : un mercato sans heurts pour l’instant

Philippe Pottiée-Sperry
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« Le mercato reste une épreuve mais il fait désormais partie de l'ADN des directeurs généraux », estime Stéphane Pintre, président du Syndicat national des DG des collectivités territoriales (SNDGCT).

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Au lendemain des municipales tenues dans des conditions inédites liées à la crise sanitaire, avec un second tour reporté de plus de trois mois, le traditionnel mercato au sein des directions générales a débuté dans les collectivités avec un temps de retard, au début de l'été. « Au contexte très particulier que représente l'articulation entre deux mandats se sont ajoutées les périodes de confinement et de déconfinement durant lesquelles les directeurs DGS et DGA notamment se sont retrouvés aux manettes avec les exécutifs locaux », remarque Hélène Guillet, vice-présidente du SNDGCT, en charge des coopérations professionnelles, et DGS du centre de gestion de Loire-Atlantique.

Relation de confiance avec les élus

Cette période cruciale dans la vie d'un ou d'une DG, due au changement de majorité politique, intervient donc à un moment où les plus hauts emplois de direction administrative ou technique ont été largement mis sous pression. Continuité ou alternance, la rentrée de septembre a ainsi marqué une nouvelle étape dans les mouvements de mutation. Selon une étude de l'Observatoire de la fonction publique du CNFPT, les emplois de direction des collectivités et de leurs établissements publics sont de l'ordre de 7500 (chiffre fin 2017). Caractérisés par leur étroite relation de confiance avec les élus locaux, les emplois fonctionnels bénéficient de règles spécifiques en matière de recrutement, de déroulement de carrière, de rémunération et de cessation de fonctions. « La vague des fins de détachement des directeurs généraux va s'amplifier d'ici à la fin de l'année, précise Hélène Guillet. Nous sommes dans la période des six mois durant laquelle l'autorité territoriale ne peut pas demander au DG de partir ».

Garanties en cas de décharge de fonctions

Depuis la loi de transformation de la fonction publique du 6 août 2019, des garanties supplémentaires sont apportées aux emplois fonctionnels en cas de décharge de fonctions pour les aider dans la recherche d'une nouvelle affectation. Le SNDGCT, afin de prévenir et accompagner les fins de détachement, a développé tout un panel d'outils à destination de ses adhérents. « L'idée est que les mobilités soient davantage anticipées et que les DG soient acteurs de leurs trajectoires professionnelles, note la vice-présidente. Nos assises et notre congrès annuels constituent un moment privilégié pour aborder toutes ces question ».

Peu de contentieux pour l'instant

« Nous avons été peu sollicités jusqu'à présent. Les situations de contentieux ou de précontentieux sont plutôt rares », constate Fabien Tastet, le président de l'Association des administrateurs territoriaux de France (AATF). Anticipant le mercato post-municipal, l’AATF a lancé, dès juin dernier, le dispositif « Protéger-Promouvoir ». « A travers cette initiative qui combine une quinzaine d'actions offensives et défensives, nous voulons à la fois accompagner les collègues qui pourraient se trouver en difficulté, mais aussi promouvoir le label "administrateur territorial" auprès des maires et présidents d'intercommunalités et saisir les opportunités de recrutement, y compris dans le cadre des futures élections locales de 2021 », explique Fabien Tastet.

« Une bienveillance généralisée »

« La situation des emplois de direction est aujourd'hui moins dangereuse que lors des deux mandats précédents, notamment quand s'exerçait le "spoil system" », confie Tony Lourenço, président du cabinet conseil "Territoires RH", spécialisé dans le secteur public. Et d’ajouter : « Comme dans le privé, les pratiques RH se sont professionnalisées. Les élus ont une attitude intelligente et "invitent" les DG à partir. Ceux qui ne se comportent pas correctement dans le cadre du mercato auront du mal à recruter par la suite. Il existe une sorte de bienveillance généralisée et c'est rassurant pour les deux parties ».

Dans le cadre du repositionnement professionnel des cadres de direction, "Territoires RH" avait réalisé une dizaine de coachings de DG à la fin juillet. « Il n'y a pas tant de volumétrie que cela pour l'instant, indique-t-il. Toutefois, je mets en garde les DG contre l'attitude de certains nouveaux élus, qui après avoir gardé leur DG durant un an à un an et demi, le temps de sécuriser leur rôle, décident finalement de s'en séparer » !

Emmanuelle Quémard

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