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Covid-19 : les régions se mobilisent et préparent l’après

Philippe Pottiée-Sperry
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Face à l’urgence de la crise sanitaire, les collectivités de proximité que sont les communes et les intercommunalités mais aussi les départements sont en première ligne pour aider les populations et venir en soutien des actions de l’Etat.

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Les régions se mobilisent également en activant tous leurs moyens disponibles. « Depuis le premier jour, les régions agissent en parfaite coordination avec le gouvernement et avec les services déconcentrés de l’Etat », précise l’association Régions de France. Santé, éducation, formation, économie, agriculture, transports, environnement, culture, fonds européens… : toutes les politiques des régions font l’objet de mesures sectorielles adoptées en urgence, grâce à des procédures accélérées.

Par exemple, Renaud Muselier, président de Régions de France, a annoncé pour la région Paca qu’il préside un plan d’urgence, de solidarité et de relance de 1,2 Md€ dont 227,5 M€ pour répondre immédiatement à la crise. Cette région apporte aussi son soutien aux SDF avec l'ouverture le 30 mars de deux CREPS (centres de ressources, d'expertise et de performance sportive) « pour offrir un abri aux plus démunis ».

60 millions de masques commandés

Une des premières priorités a été d’acquérir des masques et des équipements de protection (gels hydroalcooliques, gants, blouses…) et d’accélérer leur distribution aux personnels soignants en lien avec les Agences régionales de santé (ARS). 59,38 millions de masques ont été commandés à ce jour par 16 régions, pour un montant de plus de 40 M€. Au-delà de ces achats massifs, elles mobilisent les stocks existants dans les entreprises des territoires et activent la production locale en soutenant les industriels.

Malgré les difficultés d’approvisionnement, les premières livraisons sont arrivées le week-end dernier en Ile-de-France (arrivée des 500 000 premiers masques qui ont été distribués aux Ehpad et aux services de soins à domicile) et les suivantes sont attendues dans les prochains jours. Les régions se sont engagées à les distribuer au plus vite aux personnels soignants et acteurs économiques essentiels des territoires, en lien avec les départements et les intercommunalités.

De plus, elles ont mis en place des primes pour les étudiants paramédicaux en renfort des équipes soignantes. De même, les bourses et autres aides sociales aux étudiants sont intégralement maintenues. Pour les formations sanitaires et sociales dont elles ont la charge, les régions assurent la continuité pédagogique par l’accès aux plateformes pédagogiques.

Dans la région Grand Est, particulièrement touchée par l’épidémie, son président Jean Rottner a décidé, en accord avec le ministère du Travail, de rémunérer les 6600 étudiants infirmiers et les 1600 élèves aides-soignants déjà engagés dans la lutte contre le Covid-19. Autre exemple : le fonds d’urgence créé par l’Ile-de-France pour soutenir les pharmaciens, les médecins et les infirmiers libéraux. Ce fonds rembourse sur facture tout leur équipement supplémentaire. Pour sa part, la région Auvergne-Rhône-Alpes proposera, à partir du 1er avril, une aide aux pharmaciens jusqu’à 500 € pour aménager leur comptoir avec une vitre en plexiglass.

Fonds national de solidarité

La grande priorité des régions vise à accompagner au plus près les entreprises, en particulier les plus petites d’entre elles, face aux conséquences économiques de la crise sanitaire. Elles ont pris ainsi toute une série de mesures, soit seules, soit avec l’Etat, Bpifrance et les chambres consulaires. Au total, près d’un Md€ ont déjà été mobilisé. Parmi les premières mesures prises, la participation à hauteur de 250 € au fonds national des solidarité, lancé par l’Etat en faveur des TPE et des indépendants. Il permettra d’apporter une première aide d’urgence de 1500 € qui doit être demandée « au plus tard le 30 avril ». S’y ajoutera une aide complémentaire forfaitaire de 2000 € pour les petites entreprises au bord de la faillite. Demandée « au plus tard le 31 mai », cette seconde aide sera instruite par les services des régions.

Un décret publié au Journal officiel du 31 mars précise les modalités de fonctionnement du fonds institué pour une durée de « trois mois » renouvelable une seule fois. Il peut être abondé par les collectivités volontaires. Les montants et modalités de leurs contributions sont définis par conventions entre l’État et chaque région, département, commune ou intercommunalité volontaire. Concernant les entreprises "particulièrement touchées par les conséquences économiques, financières et sociales" du Covid-19, le fonds national de solidarité bénéficiera aux personnes physiques (travailleurs indépendants, micro-entrepreneurs, artistes-auteurs, etc.) et aux personnes morales de droit privé (sociétés, associations, etc.) dont le chiffre d'affaires n’excède pas 1 M€ et ne comptant pas plus de dix salariés.

Accompagnement et aides économiques

A cela s'ajoute la mise en place de « Task force » Régions-Etat-Bpifrance (en associant les CCI selon les cas) ou de « cellules » de suivi économique des entreprises. Les régions proposent aussi des dispositifs pour répondre aux problèmes de trésorerie immédiate (garantie, prêt rebond, différé de remboursement, etc.) – avec ou sans Bpifrance selon les cas. Par ailleurs, comme les autres collectivités, elles n’appliquent pas de pénalités en cas de retard dans le cadre des marchés publics.

Autres mesures : l’accélération du paiement des fournisseurs et prestataires de la région ; la mise en place de moratoires sur les remboursements de prêts ; l’assouplissement des dispositifs régionaux jusqu’au 31 octobre 2020 (taux nuls, allongements de remboursement et différés de remboursement supplémentaires) ; la mobilisation des groupements de prévention agréés (GPA) pour l’accompagnement des entreprises ; la création de numéros verts dédiés aux acteurs économiques…

Dans les différentes actions régionales mises en place, l’Occitanie a lancé un plan « Former plutôt que licencier » afin de préserver l’emploi durant la crise. Elle renforce, par ailleurs, la formation à distance afin de permettre aux demandeurs d’emploi de continuer à se former malgré les mesures de restriction contre l’épidémie et l’ouvre à d’autres régions. Pour sa part, la région des Pays-de-la-Loire a lancé une levée de fonds publics et privés pour aider les artisans, commerçants, associations et PME. Ce fonds vise à prendre le relais du fonds de solidarité nationale crée par l’Etat et les régions.

Préparer un plan de relance

Les présidents des 18 régions ont annoncé, le 30 mars, « leur intention de travailler ensemble à un plan de relance de l’économie en lien avec l’Etat ». Et d’évoquer « la volonté de construire un nouveau modèle industriel pour l’après-crise ». Selon elles, la réponse ne doit pas se limiter à une relance classique des investissements dans les infrastructures, via notamment le dispositif des contrats de plan Etat-Régions (CPER). « Le plan de relance devra d’abord proposer une réindustrialisation du pays autour des filières et productions nouvelles, sur tous les territoires », précise Régions de France. L'association indique qu'elle fera des propositions au gouvernement "dans les prochaines semaines".

Philippe Pottiée-Sperry

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