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Covid-19 : « Un engagement fort des agents »

Philippe Pottiée-Sperry
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DGS de l’établissement public territorial (EPT) Grand Paris Sud Est Avenir (GPSEA, 1200 agents, 16 communes pour 310 000 habitants dans le Val de Marne), Fabien Tastet explique la gestion de crise dans sa collectivité.

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Parmi les premières leçons : la mise en place rapide de la continuité des services essentiels mais aussi l’engagement fort des agents et la solidarité entre eux. Egalement président de l’Association des administrateurs territoriaux de France (AATF), il estime que « cette période de crise doit être apprenante » pour préparer l’après.

Comment votre collectivité s’est-elle adaptée face à l’urgence de la crise ?

L’écosystème local montre toujours qu’il répond présent en temps de crise. Les collectivités font preuve de réactivité, d’innovation et d’engagement. A Grand Paris Sud Est Avenir, nous avons su nous adapter en quelques jours pour assurer la continuité de nos missions essentielles comme le portage de repas ou l’accueil des soignants mais aussi pour en créer de nouveaux comme par exemple le service « Médiathèque à la maison ». Notre système de réponse à l’usager (mail et téléphone) a été étendu 7 jours sur 7.

L’engagement fort des agents se voit dans le nombre de volontaires pour être redéployés dans des services prioritaires. En seulement quelques jours, notre vivier de renforts comptait 150 personnes ! Ils ont bénéficié de petites formations, notamment via des tutoriels. Autre belle démonstration avec la solidarité entre collègues pour aider à la continuité pédagogique auprès de leurs enfants. Nous avons fait appel au volontariat et cela marche bien avec 40 agents. De même, cinq agents fabriquent des masques en tissu pour leurs collègues sur le terrain. De telles démarches sont spontanées.

Le recours au télétravail est-il important ?

Il concerne 400 des 1200 agents. Mais l’idée est que tout le monde est au travail, malgré le confinement. Le rôle des encadrants est important pour cela. Nous incitons aussi à poursuivre son travail sous d’autres formes comme par exemple en suivant des formations à distance. C’est important pour la cohésion de groupe en période de crise.

Comment maintenir le lien avec les agents durant cette période particulière ?

Les quatre marqueurs de notre politique RH sont la continuité de service, l’équité (tout le monde travaille), la santé (pour les agents sur le terrain) et la solidarité (notamment entre les agents). Nous venons de créer « Bonjour, comment ça va ? », un service rattaché à la DRH afin que les agents s’appellent entre eux pour prendre des nouvelles. C’est un bon moyen de maintenir le lien et d’éviter le décrochage. Il faut aussi multiplier les canaux pour diffuser de l’information. Avant la crise existaient déjà un tchat régulier avec les agents ou un système d’informations sur la collectivité diffusé par SMS, chaque vendredi à 14h, avec pas moins de 400 agents inscrits. Je crois beaucoup au SMS qui est l’outil de communication interne le plus puissant. Avec les cadres, une cellule de veille, via la visioconférence et un groupe Teams, se tient deux fois par semaine parallèlement au comité de direction. S’y ajoute un groupe de discussion sur WhatApp, foisonnant, où 150 cadres échangent. Préexistant à la crise, il est bien utile en ce moment.

Par ailleurs, la communication est essentielle vis-à-vis des habitants. D’où la nécessité d’une bonne coordination entre l’intercommunalité et les villes pour donner de la fluidité et de la simplicité à l’information. Notre centre d’appels fonctionne bien avec une moyenne de 200 appels par jour.

Commencez-vous à préparer l’après ?

Il faut que la collectivité commence à le faire dès à présent pour réfléchir au changement de nos process. Au-delà, il faut que cette période soit apprenante, au niveau de nos collectivités comme au niveau national. Je pense notamment à la nécessité de faire un grand retour sur expérience pour tirer les leçons du fonctionnement des collectivités. Les élèves administrateurs pourraient faire ce travail. A ce propos, il faudrait prolonger de trois mois leur scolarité qui pourraient être utiles à une production collective. Pour eux, arriver sur le marché du travail en juin ne serait pas la meilleure des choses !

Par ailleurs, les écoles de hauts fonctionnaires sont absentes de la crise et du débat nécessaire. C’est dommage alors que les élèves fonctionnaires constituent une vraie ressource nationale ! Leur engagement devrait se voir. Dotées d’une réelle expertise, les écoles devraient faire partie de la grande réflexion à lancer pour préparer l’après-crise.

Parallèlement, l’une des leçons de cette période est l’importance de métiers souvent de terrain, pas bien payés et considérés. Il va falloir pouvoir améliorer leur situation et leur statut. Autre enseignement : la crise montre l’importance et amplifie le recours aux outils digitaux dans notre organisation de travail. Ils sont très utiles mais attention au danger du tout digital qui constitue une chimère et n’est pas souhaitable. Moins présent, le contact physique devra être préservé car il génère du lien professionnel.

Propos recueillis par Philippe Pottiée-Sperry

Philippe Pottiée-Sperry
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