Focus sur les centres-villes les plus dynamiques
En association avec Mytraffic, leader européen de l’analyse du flux piéton, Villes de France vient de publier le premier palmarès des centres-villes dynamiques des communes de moins de 100 000 habitants (hors zone métropolitaine, villes touristiques et d’outre-mer).
Il s’appuie sur les flux enregistrés dans les centres de 180 communes entre mars 2020 et janvier 2021. Recensant les 30 villes moyennes avec la plus forte fréquentation depuis le début de la crise sanitaire, le palmarès montre les atouts des villes moyennes en cette période : densité plus faible que dans les métropoles, équilibre entre niveau de services et prix de l’immobilier, proximité de la nature.
« Après des décennies de difficultés structurelles, des maires ont su renverser la tendance et rendre leur centre-ville dynamique », salue Villes de France. Selon sa présidente, Caroline Cayeux, « le palmarès illustre la montée en puissance des villes moyennes, et le programme Action Cœur de Ville y est pour quelque chose, en ciblant le logement, le commerce et le transport de proximité ». Et d’ajouter : « Les décideurs publics ont pris conscience que l’avenir des cœurs de ville réside dans leur capacité à remplir plusieurs missions : on y consomme, on y habite, on s’y promène, on s’y cultive, on y étudie, on accède aux services publics. Avec ces atouts, les villes moyennes recommencent à faire rêver ».
Villefranche-sur-Saône en première position
Le centre-ville de Villefranche-sur-Saône, située à 35 km au nord de Lyon, arrive en première position du classement, devant Chambéry et Pau, suivies de Arras et Valenciennes. Leur fréquentation s’explique par les politiques publiques mises en place ces dernières années en matière de logements, de commerces ou d’activités culturelles pour attirer du monde dans le centre. A Villefranche-sur-Saône, une artère commerçante d’un km a enregistré en moyenne 2,5 millions de passages par mois, entre mars 2020 et janvier 2021, soit 83 % des flux observés avant le Covid-19. Selon la ville de 36 600 habitants, « les commerçants sont les premiers artisans de cette reconnaissance nationale et qui, malgré la crise, ont su redoubler leurs efforts, rivaliser d'ingéniosité, pour maintenir leur commerce en activité ».
Trois villes des Hauts de France dans le top 10
Parmi le top 30, 25 villes sont administrées par des maires en place depuis sept ans ou plus. Et 86 % d’entre eux ont été élus au premier tour aux municipales de 2020. « Les administrés semblent récompenser les édiles ayant contribué au dynamisme de la ville », indique l’étude de Mytraffic. Le classement se caractérise aussi par l’hétérogénéité géographique des villes distinguées, avec dix régions représentées dans le palmarès. Si aucune région n’a le monopole du dynamisme, les Hauts de France se placent en tête avec trois villes dans le top 10. Auvergne-Rhône-Alpes compte six villes dans le top 30. Le succès n’est pas une affaire de taille : ainsi le top 10 héberge-t-il des villes de 33 000 (Romans-sur-Isère) à 78 000 habitants (Pau). La fréquentation piétonne est le révélateur plus global de l’attractivité des territoires. Selon Mytraffic, il existe une corrélation systématique entre le niveau de trafic visiteurs et d’autres indicateurs de dynamisme comme la vacance commerciale (de nombreuses villes ont réduit cette vacance de 20% à 50 % depuis 10 ans) ou la croissance démographique - la ville d’Arras a par exemple regagné des habitants en 2020 après des décennies d’érosion.
Les cinq raisons du succès
Cinq facteurs-clés de la réussite des centres-villes ressortent selon les analyses des maires des villes distinguées. Tout d’abord, la reconcentration des activités : les villes primées ont su inverser le mouvement de déclin du centre au profit de la périphérie en opérant le triple choix de lutter contre la vacance des logements en centre-ville pour préserver une densité d’habitation, y maintenir ou ouvrir des services et équipements publics, équilibrer leur politique commerciale en limitant voire interdisant des installations commerciales en périphérie et/ou en attirant des commerces « locomotives » en centres-villes (cinémas, enseignes internationales). Derrière ces choix apparaît une logique d’ensemble : concentrer les activités pour créer une masse critique susceptible d’attirer les flux.
Pacification du centre-ville
Second facteur : l’équilibre entre accessibilité et pacification du centre-ville. Les villes les plus dynamiques sont celles qui facilitent à la fois l’accès et le stationnement en voiture (création de parkings, tarification incitant à la rotation des véhicules) tout en développant des zones piétonnes ou des « zones 20 km/h » avec des mobilités mixtes (piétons, vélos, voitures à vitesse limitée). Les expériences de piétonnisation de places ou d’artères commerçantes se traduisent par un accroissement du trafic piéton. Partout, les espaces publics ont gagné de la place avec un élargissement des trottoirs, l’extension des terrasses ou la création de voies vélos, une tendance qui s’est accélérée depuis le déconfinement du printemps 2020.
Rénovation du patrimoine historique
Troisième facteur : la rénovation du patrimoine historique. Les villes les plus fréquentées ont fait le choix structurel, parfois depuis 20 ans, d’investir pour réhabiliter voire acquérir des sites remarquables, qui constituent un atout des centres-villes vis à vis de la périphérie. Ils en retirent trois effets positifs : un accroissement du flux touristique, un embellissement de l’espace et un effet d’entraînement pour le quartier. Les villes lauréates ont également en commun d’avoir lancé ou relancé des événements ou festivals mettant en avant les spécificités de leur patrimoine culturel.
Un management volontariste
Quatrième facteur : un management volontariste. La quasi-totalité des villes du top 30 ont nommé un « manager de centre-ville » et affecté des moyens humains au coeur de ville. Il en résulte une nouvelle forme d’organisation plus transversale et plus collaborative entre les différents services. De nombreuses villes ont également créé une foncière publique pour racheter des cellules commerciales dans le but de les rénover et les louer à prix attractif. La quasi-totalité des lauréats sont accompagnées par le programme national « Action Coeur de Ville ». Enfin, cinquième facteur : un tissu de commerçants proactifs. Les villes du top-30 se caractérisent aussi par le dynamisme des acteurs de centre-ville, en premier lieu les associations de commerçants, attesté par des indicateurs comme le taux d’adhésion et la fréquence des animations organisées. « Un dialogue étroit entre les acteurs privés et les responsables publics est un facteur clé de succès », souligne Villes de France.
Analyse de la fréquentation
« C’est en s’inspirant des bonnes pratiques que nous pourrons continuer à faire vivre nos centres-villes, affirme Caroline Cayeux. Ce palmarès en regorge et se met au service des maires et des élus municipaux qui s’investissent au quotidien pour faire battre le cœur de nos villes. » Pour sa part, Hakim Sadaaoui, co-fondateur et directeur général de Mytraffic, estime que « l’analyse de la fréquentation s’impose comme un instrument de mesure clé pour objectiver l’attractivité d’une ville ». Et d’ajouter : « Pour les municipalités, il devient un argument imparable pour attirer les enseignes et porteurs de projets. C’est aussi un outil d’analyse pour évaluer la réussite des aménagements urbains, a fortiori dans les villes moyennes qui, après plusieurs décennies difficiles, investissent pour la redynamisation de leur cœur de ville. Et pour les enseignes, c’est un moyen d’évaluer le meilleur emplacement commercial afin de réduire le risque de l’installation. »
P.P.-S.
(1) Pour établir le classement, Mytraffic a mesuré grâce aux technologies mobiles les flux de piétons dans les centres-villes, heure par heure, tout au long de 2020, dans 200 villes.
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