Ne pas oublier les autres « héros du quotidien »
Tous les soirs, à 20h, les Français applaudissent à tout rompre les personnels soignants. Et ce n’est que justice pour ces blouses blanches en première ligne, dévouées, qui risquent leur vie pour s’attaquer aux dégâts de l’épidémie. Mais on oublie trop souvent les agents territoriaux qui, eux aussi, sont sur le front en prenant leur part de risques.
Ces invisibles, les « premiers de corvée » disent certains, ne manquent pas à l’appel. Il s’agit des agents des Ehpad, des CCAS, de la propreté, des crèches et des écoles restées ouvertes pour les enfants des soignants, de l’état civil, de l’accueil, des cimetières, du maintien à domicile des personnes dépendantes, des policiers municipaux, des sapeurs-pompiers, des assistants sociaux… La liste exhaustive serait longue.
Aide aux populations les plus fragiles
Ils sont sur le pont pour assurer la continuité de activités essentielles mais aussi venir en aide à la population, en particulier les plus fragiles. Dans cette période difficile, ils portent à bout de bras le service public en lui donnant tout son sens. Au début, sans quasiment aucune protection, n’étant pas jugés « prioritaires ». Un peu choquant quand on voyait des gens avec un masque dans leur voiture ou pour faire leurs courses ! Très sollicités, ils font le job.
Dans leurs plans d’organisation, les collectivités font appel à des agents volontaires pour venir en soutien de leurs collègues. Ils ont répondu présents en masse, prouvant leur engagement au service de l’intérêt général. Il s’agit notamment des agents départementaux des routes qui livrent des masques ou du gel hydroalcoolique dans les Ehpad et les hôpitaux, mais doivent aussi parfois emporter les corps des défunts.
Plus de considération
Mobilisés sur le terrain, tous ces anonymes se trouvent trop souvent sous les écrans radars médiatiques et oubliés dans les discours compassionnels. Moins en vogue, le fonctionnaire bashing a encore de beaux restes ! Pourtant, eux aussi sont des héros du quotidien. Il ne faut pas les oublier. Un premier pas a été fait avec la possibilité de leur accorder une prime exceptionnelle, comme pour les salariés du privé, ce que ne pouvaient pas faire jusqu’alors les collectivités. Une reconnaissance financière importante mais pas suffisante. Ils méritent aussi plus de considération. Et de vrais remerciements si ce n’est des applaudissements. Tous ces agents, souvent de catégorie C, connaissent les rémunérations les plus faibles. La construction du monde d’après devra penser à eux et revoir leur statut. Il faudra avoir de la mémoire et ne pas les oublier.
Philippe Pottiée-Sperry, Rédacteur en chef ZePros Territorial, p.pottiee-sperry@zepros.fr