Programme Action Cœur de ville : des résultats au rendez-vous
En ce mois de mars, le programme de revitalisation des centres-villes « Action cœur de ville » (ACV) fête les quatre ans de son lancement avec 234 villes sélectionnées. Pour dresser un bilan, l’Agence nationale de cohésion des territoires (ANCT) a publié un Atlas cartographique avec des chiffres clés, les résultats et les premiers impacts du programme. Fin 2021, quelque 6000 actions étaient déjà engagées ou en projet. Bénéficiant du concours de la Banque des Territoires, d’Action logement et de l’Anah, avec une mise en oeuvre décentralisée et déconcentrée, le programme ACV est doté d’un budget de 5 Md€ sanctuarisé jusqu’à fin 2022, sachant que 3,8 Md€ ont été engagés fin 2021. Le programme est prolongé jusqu’en 2026, soit la fin du mandat municipal. Cette seconde phase devrait se pencher sur les entrées de ville ou les quartiers de gare.
223 villes signataires d’une convention ORT
Les financements ACT ont notamment permis la rénovation ou la construction de 67 000 logements (60 000 étaient prévus initialement). Les 234 villes du programme se composent de 222 territoires. Pas moins de 223 villes ACV sont signataires d’une convention ORT (opération de revitalisation du territoire). Soit près de la moitié du total des 484 villes signataires d’une convention ORT (dont 127 labellisées Petites villes de demain). De même 129 villes ACV sont bénéficiaires des deux premières sélections du Fonds friches pour 231 projets retenus. « La création du fonds friches a représenté une opportunité particulièrement intéressante pour les projets ACV qui connaissent des déficits d’opération forts, dus principalement aux contraintes urbaines, coûts de dépollution et enjeux patrimoniaux des sites concernés. La pérennisation de ce fonds va permettre d'apporter une réponse à de nouveaux projets s'attaquant aux "verrues" urbaines », indique l’ANCT. Enfin, 56 villes ACV connaissent une délocalisation de services de la DGFIP, représentant près de 2500 emplois qui seront redéployés de Paris et des grandes métropoles vers les villes moyennes.
72 villes vont accueillir une antenne locale du Cnam
Par ailleurs, dans les initiatives dédiées aux villes ACV volontaires, le dispositif « Réinventons nos cœurs de villes » (accélérer la requalification du bâti ancien en centre-ville) connaît 40 appels à projets locaux en cours dont 18 ayant désigné les groupements lauréats. Au titre de « Territoires pilotes de la sobriété foncière » (utilisation prioritaire des dents creuses, friches, démolitions, déconstructions…), qui vise à lutter contre l'étalement urbain et à préserver les espaces naturels et agricole, 27 villes et agglomérations ACV bénéficient d’un accompagnement renforcé pour leur stratégie de développement urbain résidentiel et économique. Concernant les partenariats, 72 villes ACV vont accueillir une antenne locale du Cnam dont 35 sont déjà ouvertes, en lien avec le programme Territoires d’industrie
+14% de ventes immobilières en 2020
Le suivi du déploiement du programme est réalisé régulièrement via une série d’indicateurs. Les sources sont diverses : retours des référents ACV et des financeurs, déploiement de nouveaux partenariats, achats de données, prestations d’entreprises privées… Ainsi, le baromètre de l’immobilier (réalisé en partenariat avec Notaires de France) permet de mesurer, annuellement, l’évolution du marché immobilier dans les villes ACV. Résultats : +14% de ventes en 2020 dans les villes et agglos par rapport à 2018 ; 36% des villes-centre sont plus dynamiques que le reste de leur interco ; 10% des villes-centre portent le marché local face à une périphérie qui décroit ; 1380 €/m2 de prix médian pour la vente d’appartement (+ 7% par rapport à 2018).
Pour sa part, l’observatoire des mobilités mesure l’attractivité des centres-villes ACV au sein de leur agglomération. 62% des habitants se rendent au moins une fois par mois en centre-ville. Ce bon niveau d'attractivité est resté stable entre 2020 et 2021. Dans les centres-villes comparables hors programme ACV, seulement 28% se rendent dans le centre de la ville principale de leur agglomération. Autres chiffres : +15% de hausse moyenne de la fréquentation en 2021 dans les villes contre 2% dans les centres-villes hors ACV ; 80% des centres-villes ont connu une augmentation de leur fréquentation.
Légère baisse de la vacance de logement
Autres indicateurs d’impact suivis : la vacance de logement. Il s’agit là de mesurer, annuellement, la vacance globale et structurelle des logements du parc privé. 4,7% est la part de vacance de longue durée en 2020. Elle diminue très légèrement (-0,08 point, 2058 logements en moins) dans les villes ACV de 2019 à 2020. La majorité des logements vacants le sont pour une courte durée, dite « frictionnelle » (période de transition entre deux occupants) nécessaire au fonctionnement du marché. S’agissant de la vacance de longue durée « structurelle », qui est la cible prioritaire du plan national de mobilisation des logements et locaux vacants, « les volumes sont plus réalistes », indique l’ANCT.
Concernant la vacance commerciale, dont ont beaucoup souffert les villes moyennes, le taux s’élève à 13% en 2020 dans les centres-villes ACV. En 2018 et 2019, avant la crise sanitaire, ce taux s’élevait à 12%.
Philippe Pottiée-Sperry
👉 Découvrez le dernier ZePros Territorial
👉 Abonnez-vous gratuitement au journal numérique et à sa newsletter