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Sortie du confinement : pragmatiques, les DGS sont prêts

Philippe Pottiée-Sperry
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Loin du battage médiatique, tous les DGS ont travaillé à la sortie du confinement, en mêlant bon sens et protocoles sanitaires.

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Emmanuel Cattiau, DGS de Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne, 30000 habitants), résume bien l’état d’esprit général : « Il ne s’agit pas d’être pessimiste ou optimiste sur les conditions du déconfinement car un cadre doit apprendre sans cesse à exercer sa lucidité, encore plus en situation de crise. Cependant, je suis philosophiquement “désespérément optimiste”. Nous gérons en permanence de l’incertitude car nous gérons de la complexité. » Pour lui, le déconfinement épousera la courbe d’un « stop and go » : « Des pays sont en avance sur nous mais reconfinent parfois après avoir commencé à déconfiner. Il n’y aura donc a priori pas de sortie linéaire. »

Emmanuel Cattiau, DGS de Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne, 30 000 hab.) : « Il n’y a pas un mais des usagers »

Concrètement, « la condition première est de réunir les matériels, masques, gels, gants, etc., que le déconfinement soit rapide ou lent ». Des fiches techniques ont été rédigées, « en forme de protocoles adaptés aux services et aux équipements. Nous nous appuyons sur l’expérience des services qui ont continué à fonctionner depuis le 17mars. C’est une “capitalisation” pour les agents et les cadres, qu’il faut utiliser et diffuser. Les représentants des organisations syndicales jouent également leur rôle d’alerte et de lien », ajoute Emmanuel Cattiau. Il y a aussi la pluralité de la relation à l’usager qu’il faudra réinventer. « Car il n’y a pas un usager et un service mais des usagers et des services. » Certains services ont continué à fonctionner, d’autres ont été mis à l’arrêt. « L’urgence sociale fonctionne à plein, les déclarations de naissance, de décès et d’inhumations sont assumées, les enfants des personnels prioritaires sont accueillis, la propreté urbaine fonctionne. Mais il y a tous les services stoppés et qu’il va falloir redémarrer avec plus ou moins de latitude et sur une période incertaine. Nous devons nous y préparer sans planification certaine », reconnaît le DGS de Savigny-le-Temple.

Xavier Boivert, DGS de Mordelles (Ille-et-Vilaine, 35 000 hab.) : « La crise sanitaire restera la grande priorité »

Xavier Boivert a lui aussi des difficultés à « être optimiste avec autant de facteurs inconnus. Disons que je le suis sur la résistance et la résilience du service public de proximité. Le thème de la reprise d’activité est central dans les échanges et les formations web en ce moment, nous sommes donc de plus en plus équipés pour nous préparer. » Comment ? « Nous avons lancé des réflexions au sein des services sur les conditions d’accueil et les protocoles à imposer aux usagers, comme nous l’avons fait pour les marchés, par exemple. Maintenant, nous réfléchissons à doubler les masques FFP1 de visières, mais cela dépendra des conditions d’approvisionnement. Pour les masques, nous avons eu des marchés avec Rennes Métropole et le département va prendre le relais. Enfin, un échange est prévu avec les membres du CHSCT et du CT. »

Myriam Sénécal, DGA en charge des services à la population de Maubeuge (Nord, 30 000 hab.) : « L’énergie dépensée aura un coût financier et humain »

Pour Myriam Sénécal, « le casse-tête paraît inévitable ». Et de préciser : « Ce qui m’embête, c’est que cette énergie dépensée pour le déconfinement aura un coût financier, mais aussi humain. À Maubeuge, le maire a mis en place une aide pour les commerçants et une aide alimentaire via le CCAS. L’argent investi par l’État pour le déconfinement, et notamment pour préparer la réouverture des écoles, aurait certainement été plus utile dans un soutien financier pour maintenir le pouvoir d’achat de la population ainsi que pour aider les entreprises et les petits commerces. » Mais pas question pour autant pour la DGA de céder au pessimisme : « Maubeuge s’en sortira. Cette ville a toujours réussi à se relever malgré les crises. Nous risquons fort de rester dans le rouge et donc de subir un confinement à peu près identique. Il faudra également gérer cette impatience, alors que je vois de plus en plus de gens dans la rue et des boutiques qui affichent sur leur devanture une réouverture pour le 12 mai », conclut-elle.

Pierrick Raude, DGS de la Coban (CA du Bassin d’Arcachon Nord, Gironde, 67 000 hab.) : « Un horizon de travail assez exaltant »

Pierrick Raude se projette dans un avenir proche : « Dans l’après-crise, l’amélioration du lien numérique avec les usagers deviendra une priorité. Cette crise nous permet de donner un coup d’accélérateur : la production au niveau local, par exemple, était très à la mode chez nous, mais elle n’arrivait pas vraiment à décoller. L’organisation des circuits courts pour les produits locaux va changer, c’est une évidence. Nous avons un horizon de travail exaltant devant nous. »

Ecoles : une reprise à « inventer »

Concernant la réouverture des écoles, souvent depuis le 12 mai, « l’application du protocole sanitaire paraît bien difficile à tenir », explique Myriam Sénécal, la DGA en charge des services à la population de Maubeuge. Et d’ajouter : « Nous avions proposé de n’ouvrir qu’une seule école par quartier, pour limiter le risque, et d’y accueillir tous les enfants. Avec l’avantage de gérer sur une seule école la difficulté du protocole sanitaire ». Mais cette solution n’a pas été retenue. « Paradoxalement, je ne suis pas sûre que les parents des enfants des quartiers prioritaires, dont on dit que cette reprise des cours est faite pour eux, sont les plus emballés… Pour ma part, je ne vois pas plus de 25 à 30% d’entre eux retrouver le chemin de l’école. Pourtant, les enfants en désinclusion, parfois victimes de violences intrafamiliales, et ceux plus faibles en cours que d’autres auront besoin de reprendre le chemin de l’école », reconnaît la DGA. « Il faut faire confiance aux professionnels de terrain tout en ne se faisant pas d’illusion, il ne s’agira pas d’une rentrée scolaire mais d’une reprise progressive à “inventer” en fonction des situations, avec un protocole sanitaire et organisationnel concerté en CHSCT pour nos agents », indique de son côté Emmanuel Cattiau, le DGS de Savigny-le-Temple.

Propos recueillis par Stéphane Menu

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