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Territoriaux sur le terrain : des héros au boulot !

Philippe Pottiée-Sperry
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« La perfection ne consiste pas à faire des choses extraordinaires, mais à faire des choses ordinaires de façon extraordinaire. »

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N’en déplaise aux adeptes du fonctionnaire bashing, il y a bien longtemps que les territoriaux illustrent ce dicton japonais et la crise du Covid-19 projette en pleine lumière leurs capacités d’engagement, d’adaptabilité et de solidarité. En un mot, ce sens du service public qui a conduit tous ces « pros » à faire, sans esbroufe, rimer boulot et héros.

Joël Fardel, agent de maîtrise, chef d’équipe au Centre d’entretien routier de Saint-Pol-sur-Ternoise, département du Pas-de-Calais : « Etre là où le service public a besoin de moi »

« D’ordinaire attaché à la gestion du patrimoine des ouvrages d’art, j'ai été confiné dès le 17 mars. Mais parce que je voulais absolument rester utile au service, j’ai répondu à l’appel à volontaires lancé par le département et me suis retrouvé à distribuer des masques aux personnels soignants et médico-sociaux du territoire. Bien sûr, la situation n’a pas été sans générer un peu de stress et de fatigue, mais l’essentiel pour moi était d’être au bon endroit au bon moment, là où le service public avait besoin de moi. Aussi terrible soit-elle, cette crise m’aura permis de témoigner de cet engagement et de « rebooster » mes convictions »

Angèle Desroc, auxiliaire de puériculture territoriale, crèche familiale municipale des jardins Saint-Paul, Ville de Paris : « Le désir d’être utile plus fort que la peur »

« Dans les moments durs, il est important de s’entraider. Ma structure étant fermée, je suis donc allée prêter main-forte à la crèche collective municipale Rambuteau qui accueille les enfants des personnels soignants. Le désir d’être utile a été plus fort que la peur d’être contaminée, une crainte d’ailleurs vite dissipée devant les protections et mesures prises. Plus complexe, en revanche, fut le fait de réinventer le métier au prisme des nouvelles conditions d’hygiène et de sécurité. L’accueil des parents, les activités avec les enfants… Il a fallu tout repenser. Mais dans l’air flotte comme une touche d’enthousiasme et d’humanité en plus ! J’espère que cette ambiance et cette reconnaissance nouvelles perdureront. Quoi qu’il en soit, je garderai une certaine fierté de cette période ayant donné une autre dimension à mon action »

Dominique Cally, agent de maîtrise principal, cuisinier au collège La Ribeyre à Cournon-d’Auvergne, département du Puy-de-Dôme : « Le maillon d’une grande chaîne de solidarité »

« Quand on a été sapeur-pompier volontaire durant 35 ans, servir autrui est une seconde nature ! Aussi, lorsque j’ai vu qu’un Ehpad recherchait un cuisinier pour pallier des absences, je n’ai pas hésité à proposer mes services puisque le collège où je travaille était fermé. Bien sûr, j’ai dû me former rapidement aux textures mixées, hachées et moulinées, grâce aux conseils des collègues présents, cuisinier de l’établissement ou d’autres horizons venus en renfort. Mais je n’ai vraiment pas le sentiment d’avoir accompli un exploit, juste celui d’avoir fait ce que j’avais à faire, tel le maillon d’une grande chaîne de solidarité. »

Aurélie Maurer, rédacteur territorial principal, responsable de l’état civil à la Direction des relations usagers, Metz (Moselle) : « Une organisation ne vaut que par celles et ceux qui la composent »

« Couramment éclipsé par des compétences plus « glamour », l’état civil s’est brutalement rappelé comme une mission centrale des mairies. Directement confrontés aux terribles conséquences de la pandémie, les agents de ce service ont démontré leur capacité de mobilisation, leur faculté d’adaptation et leur professionnalisme, notamment face aux familles que la situation évinçait malgré elles. Seules présentes dans toute la mairie avec les personnels du courrier et de l’entretien, les équipes ont fait face à l’effroyable explosion des chiffres, épaulées par d’autres collègues spontanément venus les aider. Cette période laissera des séquelles, mais elle rappelle aussi qu’une organisation ne vaut que par celles et ceux qui la composent, et que nul n’y est jamais de trop ! »

Alexandre (témoignage anonyme), brigadier-chef principal, policier municipal dans une ville du sud-ouest : « Le sens ravivé du métier ! »

« On n’est pas un héros parce qu’on fait son boulot, et c’est aussi pour ces moments particuliers, où le public a plus que jamais besoin d’être sécurisé, que nous exerçons ce métier. En plus de nos missions habituelles, nous avons veillé au respect des mesures de confinement, contrôlé les attestations de sortie et, surtout, expliqué à chacun que c’était pour le bien de tous… Avec les habitants ou entre collègues, les relations ont changé, comme si les gestes sociaux interdits étaient remplacés par plus de sollicitude et d’empathie. Outre les gestes barrières, c’est sans doute ce qui me restera le plus durablement, avec le sens ravivé du métier »

Sébastien Graff, agent technique, agent de la propreté de Montreuil (Seine-Saint-Denis) : « Nous avons gagné en respect et en visibilité »

« Après 17 ans de service, je reconnais qu’une certaine routine s’était installée… La pandémie a tout remis en question, les gestes comme l’esprit d’équipe. Chefs et collègues, on s’est tous retrouvés dans le même bateau, chacun attentif à la santé et à la sécurité de l’autre tandis qu’avec les collègues des services administratifs, de nouveaux liens se sont tissés. Pour tous, la propreté a pris plus d’épaisseur. Alors qu’avant, nous nous fondions dans le paysage urbain, notre image est tout à coup devenue plus nette et nous avons gagné en respect en même temps qu’en visibilité »

David Delhomme, ingénieur principal, directeur des systèmes d'information, Vaulx-en-Velin (Rhône) : « Sans les ‘SI’, pas de continuité de service ! »

« Sans les services informatiques, il n’y aurait pas eu de continuité de service ! Le confinement a marqué l’avènement du télétravail, avec tout ce que cela implique en matière d’infrastructures et de sécurité. En quatre jours, il a nous a fallu garantir la connexion simultanée de plus de 200 agents sur les serveurs de la collectivité. Et assurer une hotline adaptée à l’agilité de chacun. Alors, certes, les 15 premiers jours ont été très chargés, mais venus de collègues, de supérieurs et d’élus, les nombreux remerciements reçus prouvent que cette crise a imposé les ‘SI’ comme un élément essentiel d’un service performant, si certains en doutaient encore. »

Propos recueillis par Laurence Denès

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