1 Md€ de la Banque des Territoires pour soutenir le commerce

Philippe Pottiée-Sperry
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Dans le cadre du plan de relance gouvernemental en faveur du commerce, la Banque des Territoires mobilise près de 1 Md€ afin de soutenir la reprise et la relance des commerces de proximité en centre-ville.

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Elle complète ici le plan de la Caisse des dépôts annoncé début septembre et le rôle particulier joué par la Banque des territoires pour aider les collectivités. Le programme annoncé, le 6 octobre, par son directeur Olivier Sichel s’appuie sur un panel de mesures. Et de citer quelques chiffres pour montrer le niveau d’urgence dans les centres-villes : 80 000 commerces des villes moyennes très impactés par le confinement, une baisse du chiffre d’affaires des commerces d’au moins 30% en 2020, une hausse des défaillances de 15 à 30% des commerces en 2020. A cela s’ajoutent une forte hausse du trafic global sur les sites de e-commerce (+ 13%) et une fréquentation doublée pour les sites de la grande distribution, des pharmacies et des loisirs. Avec le risque que cette situation perdure. De plus, la période du confinement a révélé des facteurs importants de fragilité. Tout d’abord, 70% des commerces des villes moyennes sont indépendants. En outre, les commerces alimentaires sont sous-représentés dans les centres-villes à l’inverse d’activités comme les hôtels-cafés-restaurants, bien plus vulnérables aux fermetures.

Des solutions opérationnelles

« Dans une période d’incertitudes fortes, notre rôle est d’apporter de la visibilité stratégique aux décideurs locaux mais également des solutions opérationnelles. La Banque des Territoires prend aujourd’hui toute sa part dans la relance du commerce de proximité », a indiqué Olivier Sichel. Elle intervient surtout à travers sa participation aux programmes Action coeur de ville et Petites villes de demain. Tout d’abord, elle déploie de nouvelles offres, conçues pour le court et le moyen terme. Leurs objectifs : prévenir les défaillances et limiter la vacance commerciale dans les villes moyennes, accompagner les formats commerciaux émergeants, faciliter les nécessaires transformations structurelles au bénéfice des activités commerciales, accélérer la transformation digitale pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs. « Pour Action cœur de ville, notre plan commerce représente 300 M€ en investissements et 500 M€ en prêts », précise Olivier Sichel.

Outils d’urgence sur le court terme

Concrètement, la Banque des Territoires mobilise 14 M€ pour aider 700 territoires sur les six prochains mois à identifier les effets de la crise sur l’offre commerciale de centre-ville et à définir des plans d’actions rapides. La prise en charge de ce dispositif de diagnostic, dénommé « Shop’in », est assurée à 100% par la Banque des territoires et la réalisation est effectuée par la SCET.

De plus, 5 M€ cofinancent des postes de manager de commerce pour conseiller, guider et aider les commerçants comme les artisans à concevoir et décliner des plans d’action. En pratique, il s’agit d’une subvention forfaitaire de 20 000 € par an pendant deux ans. 125 territoires seront accompagnés dans les six prochains. Par ailleurs, 7 M€ financent le recours à des solutions numériques de commerce via des subventions forfaitaires de 20 000 €. 350 territoires seront accompagnés dans les six prochains mois. Exemples : solution de paiement sans espèces, plateforme e-commerce et solution de e-réservation et de click-&-collect.

Dispositif « Shop’in » à Châteauroux

La crise a fait émerger des pratiques et des solutions nouvelles. « Autant d’initiatives sur lesquelles il faut aujourd’hui capitaliser pour consolider et réinventer le commerce de proximité, l’inscrire dans « l’ère numérique » pour le rendre plus résilient aux crises », indique la Banque des territoires. Près d’une centaine de cœurs de villes ont déjà manifesté leur intérêt pour ces offres de court terme. Châteauroux (Indre) a été la première ville à bénéficier du dispositif « Shop’in », financé intégralement par la Banque des territoires pour identifier les fragilités commerciales et les dispositifs de soutien à envisager pour le maintien du tissu commerçant. « Ce travail est essentiel pour nous afin de limiter la casse, estime Gil Avenous, le maire de Châteauroux. On peine parfois à avoir des référentiels sur nos centres-villes que nous ne connaissons pas si bien que cela ». Et de préciser : « L’étude réalisée a permis de faire le point mais aussi de rassurer les commerçants en leur redonnant tout d’abord confiance. Ils se sentent épaulés par la collectivité pour trouver des solutions. Je conseille à tous mes collègues maires d’utiliser Shop’in ».

Béthune Shop, une appli pour les commerces de proximité

Au registre numérique, Béthune a été aidée par la Banque des territoires pour mettre en place il y a un an « Béthune Shop » qui est une application pour accompagner les commerces de proximité mais aussi partager avec les citoyens. Elle permet aux commerçants d'adresser facilement des messages aux clients : bons plans, promotions, événements. « Face à certaines insuffisances de notre appli, révélées durant la crise sanitaire, nous préparons Béthune Shop 2 qui sortira le 9 novembre », explique Olivier Gacquerre, le maire de Béthune.

100 foncières de redynamisation

Pour relancer sur le moyen et le long terme la reprise du commerce et l’activité dans les coeurs de villes, la principale mesure du plan de la Banque des territoires est le développement de 100 foncières de redynamisation. 6 M€ aident à financer les études préalables et, surtout, 300 M€ sont apportés en investissements et 500 M€ en prêts, avec un effet levier évalué 1,2 Md€. L’objectif est de rénover au moins 6000 commerces de proximité. Sociétés privées permettant la mise en œuvre des transformations immobilières nécessaires, ces foncières agiront sur le bâti existant et impulseront les transformations urbaines et commerciales nécessaires. « Cet outil occupe une place importante dans la structuration de notre offre car il va permettre aux maires de se projeter dans des solutions structurantes », explique Olivier Sichel. Et d’ajouter : « Il s’agit de foncières d’intérêt général, avec parfois des problèmes d’équilibre financier qui peuvent nécessiter le versement au départ par l’Etat de subventions d’équilibre ».

« Un outil de portage de transition »

Exemple : La Roche-sur-Yon avec la création d’une foncière commerce intitulée « Metropolys Oryon » pour redynamiser les centres-villes de l’agglomération. Sous forme de SAS avec pour partenaires la Sem Oryon (50% du capital), la Banque des territoires (45%) et le Crédit Mutuel (5%), cette foncière investit et permet de passer plus facilement de la phase d'étude à la phase réalisation au sein de ville ou le patrimoine contraint peut parfois freiner le développement de projets à l'initiative de porteurs privés. Enthousiaste, Françoise Raynaud, la présidente de la SAS, salue « un outil de portage de transition sur des opérations a priori pas viables économiquement, ce qui constitue un formidable levier pour relancer le commerce et l’habitat ».

Soutenir les nouveaux formats commerciaux

Autre mesure prévue sur le moyen et le long terme : l’accompagnement de nouveaux formats commerciaux (développement des circuits courts, ventes directes, nouvelles solutions de logistique urbaine et de livraison respectueuses de l’environnement). Budget prévu : 100 M€ en conseil et en investissement mobilisés sur fonds propres. Enfin, la Banque des territoires prévoit avec Bpifrance une enveloppe de 10 M€, via un appel à projets qui va être lancé, pour soutenir le développement de l’entreprenariat dans les coeurs de villes, en détectant et accompagnant les porteurs de projets.

Philippe Pottiée-Sperry

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